Publiée le 28/08/2018 par Sophie Cousin
Médecins et pharmaciens sont très recherchés dans le secteur en plein essor des biotechnologies. Un domaine très vaste, qui implique un large panel de domaines de recherche : thérapies géniques, protéines recombinantes, cancérologie, immunothérapie, microbiote, etc. Soit toute une série de spécialisations, auxquelles on ne peut pas accéder avec les mêmes formations.
Le Leem a recensé pas moins de 730 formations en biotech, tous niveaux confondus (bac+2 à bac+5). Parmi les formations cotées, on peut signaler par exemple l’ENSTBB Bordeaux ou l’ESTBB de Lyon, qui offrent aux médecins et pharmaciens des masters 2 de très bonne qualité.
« Dans les discussions que nous menons avec le gouvernement au sujet du secteur des biotechnologies, l’un de nos objectifs est de clarifier cette offre, qui n’est pas très lisible actuellement pour les industriels. Certaines formations de très bon niveau montées en France sont parfois inconnues et les ingénieurs biotech formés ici partent travailler à l’étranger… », souligne Arnaud Chouteau, directeur Emploi et Formation au Leem, le syndicat des entreprises du médicament.
Les médecins sont particulièrement recherchés pour monter une start-up en tandem avec un ingénieur ou un polytechnicien et devenir directeur médical de l’entreprise. L’école Polytechnique, HEC Paris et l’univers
ité Paris-Descartes viennent ainsi de lancer un programme MSc/M2 Bioentrepreneurs. De profils scientifique, ingénieur ou commercial, les étudiants travaillent sur des projets réels pouvant déboucher sur la création d’entreprises dans le domaine de l’innovation biomédicale. Par ailleurs, les masters par apprentissage constituent aussi une voie très intéressante car les jeunes qui en sortent sont recrutés ensuite à 100%.
Quelles seront les thérapies et les métiers de demain ?
Dans son « Plan compétences Biotech 2020 »*, le Leem distingue les10 grandes familles de biotechnologies, qui seront à l’origine des thérapies de demain :
– Modification du microbiote pour raisons thérapeutiques
Compétences recherchées d’ici 2020 : bio-informaticien et méta-génomique (pour l’analyse des séquençages), affaires réglementaires, production du matériel vivant ;
– Tissus à usage médical
Compétences recherchées d’ici à 2020 : conception des échafaudages biocompatibles, impression 3D (Hardware), chimistes et biologistes, histologistes, contrôle qualité, méthodes analytiques, métiers réglementaires ;
– Thérapies à base d’ARN
Compétences recherchées d’ici à 2020 : métiers analytiques, affaires réglementaires, chefs de projets capables de gérer des partenariats, connaissances en biologie/chimie des nucléotides, connaissances du développement clinique du bio-médicament ;
– Thérapies géniques
Compétences recherchées d’ici à 2020 : galénique/formulation, bio-production, biosécurité, méthodes analytiques, contrôle et assurance qualité, métiers réglementaires, pharmaciens responsables pour la libération de lots, veille technologique et scientifique, évaluation clinique ;
– Thérapies cellulaires
Compétences recherchées d’ici à 2020 : galénique/formulation, bio-production, biosécurité, méthodes analytiques, contrôle et assurance qualité, métiers réglementaires, pharmaciens responsables pour la libération de lots, métiers de la propriété industrielle, veille technologique et scientifique, évaluation clinique ;
– Nanobiotechnologies
Compétences recherchées d’ici 2020 : pharmacovigilance, méthodes analytiques, métiers réglementaires, double culture technique et médicale, physique d’interaction particules/corps humain ;
– Solutions multitechnologiques de santé (médicaments et dispositifs médicaux intelligents et connectés)
Compétences recherchées d’ici 2020 : business development, juridique, informaticiens, mathématiciens, microélectroniciens, statisticiens, spécialiste digital et des big data, sécurité et exploitation des données, métiers réglementaires, gestion des partenariats ;
– Protéines recombinantes
Compétences recherchées : métiers d’interaction, coordinateurs, connaissances mixtes biotech/chimie, modélisation/bio-informatique pour l’analyse des données, biophysique-biochimie, sciences des matériaux appliquée à la biologie, chimie analytique et biochimie ;
– Tests diagnostics et médecine personnalisée
Compétences recherchées : collecte, stockage et exploitation des données générées par le séquençage nouvelle génération, conseillers en génétique, analyses de méta-données, médecine+bio-informatique, éthique (partage des informations avec le patient) ;
– Plateformes de biotech permettant la découverte de molécules thérapeutiques innovantes
Compétences recherchées : médecins et pharmaciens avec un PhD, management des données, interconnexion des disciplines (chimie et biologie), modélisation informatique, biologie des systèmes ;
L’avis de l’expert
Pauline Rambaud, senior consultante au sein de GenSearch, cabinet de conseil en recrutement spécialisé dans les sciences de la vie depuis 2011
« Un profil d’avenir : médecin et entrepreneur »
« Comme dans beaucoup d’autres secteurs, il y a une pénurie dramatique de médecins dans le secteur des biotechnologies au sens strict (produits issus de techniques de génie biologique). Ceci est vrai à la fois dans les « Big pharma » spécialisées en Biotech type Amgen, et dans les start-up. Or, un profil de médecin est indispensable pour définir la stratégie médicale de l’entreprise. Pour contourner cette difficulté, les entreprises de biotech (et la plupart des entreprises pharmaceutiques) recrutent des médecins à diplôme étranger. Un master n’est pas obligatoire après les études de médecine. En revanche, le meilleur profil est celui d’un médecin qui a déjà travaillé dans une big pharma, sur des projets internationaux et corporate, avec une expérience de la stratégie. Jusqu’à présent, les profils recrutés sur les postes de direction médicale étaient toujours des seniors. Ceci est en train d’évoluer. Les jeunes médecins réalisent que de nouveaux métiers sont en train d’émerger et je commence à rencontrer de jeunes médecins qui veulent devenir entrepreneurs. Les fourchettes de rémunération sur ces postes sont très variables selon la taille de l’entreprise. Mais le salaire annuel est au minimum de 110 000 euros en fixe, sans compter les primes et les actions.
Pour ce qui concerne les pharmaciens, ils ont de très nombreux débouchés dans les entreprises de biotech qui ont déjà des produits commercialisés, notamment sur des fonctions de Market Access, marketing/vente, affaires réglementaires, etc. Et les niveaux de salaires sont tout aussi attractifs que dans les big pharmas ! Il n’y a pas actuellement de difficultés de recrutement sur les profils de pharmacien. La filière industrie est une voie toute tracée ! »